26 Juin 2012, le jour de la remise des diplômes en secondaire. J’avais 18 ans et étais dans une école située dans un beau quartier aux alentours d’Auderghem.
Revenons en arrière : En 2006, l’année où pour la première fois j’étais en secondaire. Les premières semaines de cours se déroulaient bien et je comprenais super bien les cours et je m’étais fait déjà beaucoup d’amis d’origine différente : congolais, marocain, belge, colombien…MAIS…
Quelques jours après la rentrée en secondaire, mon professeur m’a demandé à me voir et m’a « vivement » conseillé d’aller en étude dirigée. L’étude dirigée, est une séance organisée après les cours par un professeur dont le but était d’aider les étudiants en difficultés à faire leurs devoirs. Je ne comprenais pas pourquoi le professeur m’avait envoyé là, non parce que je me sentais supérieur aux autres, mais c’est qu’on n’a pas été encore évalué sur AUCUNES matières. « Pourquoi moi ? Pourquoi moi ? » Cette question résonnait tout le temps dans ma tête que ce soit pendant les séances d’étude dirigée et les cours.
J’ai compris en fait que le professeur m’a catégorisé comme « élève ayant des difficultés » parce que je ressemblais à une personne qui éprouve des difficultés scolaires et que je m’appelle Jamal. Le bon cocktail à étiquette ! A ce moment-là, je me suis rendu compte que je devais prouver beaucoup de choses, ce qui était difficile par ma timidité.
Un jour pendant une séance d’étude dirigée, une étudiante demanda au professeur en quelle année le roi Albert II est-il devenu roi ? Il ne le savait pas. Par contre moi, oui : « En 1993 ! ». Le professeur a osé me demander comment je le savais…. Ce que j’ai répondu naïvement par «j’ai appris à l’école primaire ». Cependant, il a pris la peine de vérifier la date sur internet et me regarda par la suite avec de grands yeux. A la fin de la séance, le professeur me donna une lettre à remettre à mon professeur titulaire au lendemain.
Une fois la lettre remise, je n’ai plus jamais été aux séances d’étude dirigée.
Cette épisode de ma vie qui paraît « simple à vos yeux » a été pour moi un grand tourment dans ma vie, puisque ce fut la première fois où je me suis senti mis à l’écart, différencié, discriminé. Je compris que je n’allais jamais être considéré comme un élève normal aux premiers abords et que je devais toujours prouver, prouver et encore prouver mes facultés intellectuelles, mon dynamisme et mes investissements.
Par la suite je suis devenu délégué de cette classe et 6 ans plus tard, diplômé de cette école. Malgré mon bon parcours scolaire, à la remise des diplômes lorsque j’ai expliqué à mon professeur que j’allais m’inscrire dans une telle Haute Ecole. Celle-ci, m’a dit « Houlala, c’est une école très difficile et très scientifique pour toi ! ». Je l’ai regardée en souriant. 4 ans plus tard, je suis diplômé de cette école et je suis en train d’aborder un master, même si un maître de stage m’a déconseillé de le faire parce que il semblerait que ce serait dur pour moi encore …
Albert Einstein disait « La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ». Moi je dirai, qu’il faut savoir se guider pour ne pas perdre l’équilibre.
A toutes les personnes qui vont entreprendre des études, des projets, des envies… Ils essayeront souvent de vous faire dévier de votre chemin pour ne pas atteindre votre objectif, cela est inacceptable ! Maintenant c’est à vous de bien guider votre « bicyclette ».
Jamal Makran, diététicien, étudiant master Santé Publique